Pollution atmosphérique et transports routiers
La pollution atmosphérique n’est que rarement perceptible. Elle l’a été pour la Tuilerie d’Achenheim parce que l’on pouvait « sentir » de mauvaises odeurs. A contrario, les mauvaises odeurs ne sont pas toujours l’expression d’une pollution : exemple Lingenheld. Ca sent mauvais, mais ce ne serait pas dangereux.
Actuellement, et particulièrement dans ce secteur géographique de la banlieue Ouest de Strasbourg, la plus grosse partie de la pollution atmosphérique provient des transports, et particulièrement du transport aérien et routier.
La position d’ARBRES au sujet du transport routier a évolué depuis notre création en 1995 : à l’époque, notre souci premier était de soulager rapidement les habitants autour des axes routiers traversant nos villages en faisant la promotion des contournements routiers. D’où le projet de COW (Contournement Oberschaeffolsheim Wolfisheim) que nous avons fait aboutir (au moins sur le papier : DUP promulguée en 2006), une neutralité assez bienveillante pour ce qui concerne le projet de VLIO (Voie de Liaison Ouest).
Notre réflexion collective d’une part, l’expérience d’autres riverains d’autre part, révèlent que les contournements routiers ne résolvent les problèmes de trafic que pendant un temps : ils incitent à l’augmentation de la circulation et au bout de quelques années, sont eux-mêmes saturés. Et, pour « contourner » le contournement, les usagers de la route se mettent à reprendre l’ancienne voie. Résultat négatif car la pollution est partout : autour des agglomérations et dans l’agglomération.
Un exemple près de chez nous : fin des années 80, le prolongement de l’A 351 nous permettait, même aux heures de pointe de rejoindre en ¼ d’heure le centre de Strasbourg ou d’en revenir. Koenigshoffen, Eckbolsheim et Wolfisheim connaissaient le calme et une circulation automobile à nouveau fluide. Depuis 15 ans, l’autoroute bouchonne quotidiennement et de plus en plus de personnes reprennent l’ancienne RN4 en traversant l’agglomération…
Nous sommes certains que la solution à nos problèmes de pollution atmosphérique due aux véhicules individuels essence et diesel (particulièrement dangereux avec leurs émissions de micro-particules dont le caractère allergène et cancérigène a été démontré), réside dans les transports collectifs non polluants (tram, train, etc.…), et ce pour le transport de personnes. Pour les marchandises, il est urgent de remettre le fret sur le rail, de limiter les transports inutiles à longue distance.
Pour inciter nos concitoyens à utiliser ces moyens, il faut qu’ils soient incitatifs, peu chers, rapides, si possible en site propre (c’est à dire circulant dans une voie qui leur est réservée). La décision de les créer ne peut relever d’une initiative privée, mais de la collectivité, c’est à dire de nos élus locaux (Maires, Président de CUS, Conseil Général).
Or, même si la plupart de nos élus disent et répètent à longueur d’année qu’il faut créer des transports collectifs, leurs actes ne correspondent pas à leurs paroles. Concrètement, ils continuent à donner la priorité à des autoroutes ou des voies rapides pour le transport routier : exemple, la décision de finaliser le GCO (Grand Contournement Ouest) dont tout le monde reconnaît qu’il ne résoudra pas les problèmes de circulation du centre de Strasbourg vers la périphérie.
De même pour cette VLIO, dont le projet remonte à … une trentaine d’années. La DUP de la VLIO a été annulée par le Tribunal Administratif à la demande de futurs riverains et d’Alsace Nature il y a quelques années. Au lieu d’en tirer les conséquences et de promouvoir des transports collectifs alternatifs, ils nous remettent actuellement (2007) un nouveau projet de cette vieille VLIO totalement dépassée.
Sont-ils ringards à ce point, nos élus ? Manquent-ils de moyens ou d’imagination ? Sont-ils totalement inféodés au lobby routier ?
Les sociétés de BTP (comme Lingenheld par exemple) gagnent certes davantage en construisant une route plutôt que le tram ou une voie ferrée. Alors, ce ne serait qu’une histoire de gros sous et de copinage ?
Alors nous direz-vous, ARBRES a laissé tomber les riverains du CD 45 ou du CD 63 pour donner dans l’écologisme pur et dur ?
Notre réflexion a duré assez longtemps. Les avis ont été exposés, se sont confrontés. Cela n’a pas été facile pour les responsables de l’association. Certains ne nous ont pas compris, nous ont accusé de trahison et nous ont même quitté. D’autres n’ont pas voulu admettre que nous continuons à accompagner les habitants les grands axes en demandant la réalisation du COW. Oui, cela n’a pas été et reste pas facile.
Mais devrions-nous ne chercher que la facilité et la démagogie?
ARBRES continue à soutenir le combat des riverains des grandes voies de circulation. ARBRES continue à court terme de réclamer des contournements de village comme le COW. Mais à condition que ces contournements ne deviennent des voies rapides ou des autoroutes et « aspirent » encore davantage de voitures et de camions.
C’est pourquoi le Comité Directeur d’ARBRES a adopté le 6.11.2006 la résolution suivante :
- Priorité absolue doit être donnée, dès maintenant, aux investissements dans les transports en commun pour les personnes et aux transports non polluants (chemin de fer notamment) pour les marchandises.
- Opposition absolue à la VLIO et au GCO
- Pour réduire les nuisances provoquées dans les villages concernés directement par les projets actuels, de petits contournements (comme le COW par exemple) pourront être envisagés, sans qu’il puisse y avoir de continuité entre chacun des contournements.
L’adoption de cette résolution a été confirmée lors de notre assemblée générale du 8 juin 2007.
ARBRES est désormais un peu plus cohérente dans ses analyses et ses demandes.
Nous attendons le même effort, la même cohérence de la part de nos élus et décideurs administratifs.